Glossaire
Bi stabilité granulométrique du charriage
torrentiel
Les expérimentations sur canal "ponctuel" ont montré que
le transport solide évolue vers deux états stables :
-
Le charriage hyperconcentré avec un lit constitué de matériaux
plutôt fins. Dans ce cas, les éléments sont d'autant
plus mobiles que leur diamètre est important (tant qu'il reste inférieur
à la hauteur d'eau). Cependant, le débit solide étant
très fort durant cette période, ce caractère est peu
marqué. On peut considérer, en première approximation,
que le tri granulométrique est très faible.
-
Le charriage ordinaire et le pavage du lit correspondent à un tri
granulométrique contraire au précédent : les matériaux
sont d'autant plus mobiles qu'ils sont fins. Cette évolution correspond
à un débit solide très faible. Il se produit dans
ce cas un "charriage ordinaire".
Il est apparu que le passage d'un état à l'autre était
nettement irréversible, la diminution de la taille des grains du
lit entraînant un accroissement du transport solide, alors que l'augmentation
de blocs dans le lit, conduit à un tarissement rapide de la fourniture
en matériaux.
Ainsi, naturellement, le torrent se dirige vers deux états stables
fondamentalement distincts.
Charriage Hyperconcentré
Il s'agit des phénomènes particuliers qui se déroulent
lorsque la concentration en matériaux transportés par charriage
est telle que le transport solide a une influence notable sur les conditions
d'écoulement. Le lit n'a alors plus aucune action directe
sur le transport solide.
Il est nécessaire que la contrainte de cisaillement soit très
supérieure à la valeur critique de début de mouvement
des matériaux. Dans un tel cas, la concentration en matériaux
est très bien expliquée par une formule sommaire du type
:
C = 8 I²
I Pente correspondant au transport solide
C Concentration en matériaux en considérant le volume
apparent des matériaux.
Charriage Ordinaire
Il s'agit du transport solide se produisant "ordinairement" dans un torrent
lorsque les conditions hydrauliques sont trop peu vigoureuses pour permettre
un charriage hyperconcentré. Dans ce cas on se trouve à proximité
du seuil de début de mouvement et le tri granulométrique
est important. Le lit est globalement stable et influence le transport
solide (fourniture en matériaux, débit solide, granulométrie
transportée...). Appliqué suffisamment longtemps sans apports
amont importants, il conduit au pavage du lit.
Il se distingue du charriage partiel car il est capable de modifier
notablement les éléments du lit, alors que ce dernier permet
le transport d'éléments sans échanges avec les grains
du lit.
Charriage torrentiel
On désigne sous ce terme l'ensemble des phénomènes
liés au charriage et se déroulant dans un torrent. On regroupe
alors les phénomènes liés au charriage hyperconcentré
mais aussi ceux correspond au lessivage du lit.
Conditions hydrauliques
Ce terme regroupe différents paramètres désignant
les caractéristiques de l'écoulement (liquide). Il peut s'agir,
par exemple, du couple débit liquide - pente ou, de façon
plus précise de l'ensemble : largeur de la section mouillée,
hauteur d'eau, vitesse d'écoulement, pente.
Dune a forte pente
Il s'agit d'une structure morphologique formée de trois parties
très différentes :
-
Un chenal central constitué de matériaux fins. La capacité
de transport est telle que le lit fin, malgré une pente nettement
réduite, permet un débit solide bien supérieur à
la valeur moyenne de l'ensemble du lit. Dans cette partie, l'écoulement
est très rapide, rectiligne et relativement étroit.
-
Une niche d'érosion régressive en amont. La capacité
de transport de la partie centrale entraîne un enfoncement très
marqué du lit en amont.
-
Une zone de dépôt des éléments grossiers en
aval. Bien que le débit solide y soit considérable, la pente
de la partie centrale est plus réduite : le lit s'élève
peu à peu vers l'aval conduisant à un élargissement
de la section mouillée. Cette divergence explique que la hauteur
de l'écoulement devienne très inférieure au diamètre
des éléments les plus gros. La pente de cette zone peut être
beaucoup plus forte que sur l'ensemble du lit.
Fluide newtonien
Dans ce cas, il y a proportionnalité entre la contrainte de cisaillement
et le gradient de vitesse (en fonction de la hauteur). C'est le cas de
nombreux liquides et en particulier de l'eau. L'absence de seuil (rigidité
initiale) forme une différence essentielle avec les laves torrentielles.
Lave torrentielle
Par lave torrentielle on désigne un phénomène intermédiaire
entre le charriage et le glissement de terrain. La difficulté de
sa définition est renforcée par la variation des propriétés
des laves torrentielles non seulement d'un torrent à l'autre mais
aussi d'une lave à l'autre en fonction des matériaux qui
lui sont fournis. Ainsi, plusieurs critères sont utilisés
- suivant les auteurs - pour les définir.
Lave granulaire
Dans certains cas, le mélange est dépourvu d'éléments
fins. Le comportement particulier des laves boueuses (en particulier lié
à la présence d'argile) ne peut alors plus être observé.
Dans ce cas, l'écoulement est beaucoup plus complexe, très
instable et la frontière avec le charriage hyperconcentré
est particulièrement ténue.
Lavage
C'est l'écoulement qui transforme le matériau
du lit par érosion sélective. Il correspond à des
conditions plus vigoureuses et une érosion plus intense (volume
et taille des grains) que le lessivage. Il correspond au charriage ordinaire.
Lessivage
Il s'agit du transport solide marginal que l'on peut observer
à la suite d'une crue. Les fluctuations turbulentes de l'écoulement
parviennent à déloger les grains dissimulés derrière
les blocs, entraînant une faible modification de la surface du lit.
Loi de comportement
Des progrès considérables ont été accomplis
ces dernières années en particulier par Coussot (Rhéologie
des laves torrentielles - Thèse de doctorat de l’Institut National
Polytechnique de Grenoble - 1992).
Il a - en particulier - montré que la loi de comportement des
mélanges boueux pouvait être généralement représentée
par un modèle de Herschel & Bulkley :
pour
Avec
t Contrainte
de cisaillement
tc
Seuil de contrainte dépendant du matériau
K Coefficient caractéristique du matériau
v Vitesse de lave à la cote y
y Distance depuis le fond
Marches d'escaliers
Il s'agit d'une alternance de seuils et de mouilles, donnant l'aspect de
marches d'escalier au profil en long de la surface de l'eau à l'étiage.
Mouille
Il s'agit d'une zone de moindre pente, avec une hauteur d'eau supérieure
à celle de l'ensemble du lit. Elle apparaît nettement à
l'étiage où la pente de la ligne d'eau locale est très
faible. Une mouille est généralement limitée par un
seuil aval. Elle ne doit pas être confondue avec les zones à
plus faible pente que l'on trouve dans les rivières torrentielles,
ni les replats que forment les rivières en amont des sections de
contrôle (confluence avec un torrent par exemple). Le paragraphe
2.7.8. reprend les définitions proposées par différents
auteurs.
Lors d'une approche fine de ces structures morphologiques, il est cependant
nécessaire de distinguer deux zones distinctes :
-
La structure de la mouille, plus profonde et plus grossière, a été
formée en même temps que les seuils. Ordinairement, elle n'apparaît
pas et n'a aucun contact avec l'écoulement.
-
La couche superficielle de la mouille qui correspond aux respirations du
lit, et qui échange des matériaux avec l'écoulement.
C'est elle qui est ordinairement visible et qui est considérée
au cours de ce travail (sauf mention contraire).
Pavage
Le pavage désigne les caractéristiques particulières
de la couche supérieure du lit. L'exposition permanente de celle
ci à l'écoulement la rend plus résistante à
l'érosion. Elle se distingue donc par une granulométrie et
une imbrication des éléments particulière. Il est
cependant difficile de donner une définition plus précise
et le pavage est généralement perçu comme l'explication
de l'écart entre formules et mesures de terrain.
Le terme de pavage regroupant une multitude de phénomènes
distincts, certains auteurs ont proposé différents termes
correspondant chacun à des réalités distinctes : pavage,
carapace, armurage, dallage, etc...
Cependant, chacun adopte une définition personnelle et souvent
incompatible avec celles fournies par les autres auteurs. Pour éviter
toute ambiguïté, le terme de pavage sera le seul employé
dans ce document.
Pavage Mobile
Il s'agit d'un tri granulométrique vertical en équilibre
dynamique avec le transport solide. Le lit fin est recouvert d'éléments
grossiers en mouvement le protégeant de l'érosion.
Rapide
On retient ici la définition rencontrée usuellement dans
la littérature anglo-saxonne (Riffles).
Le terme de rapide correspond à un rapprochement de seuils qui
entraîne une augmentation locale de la pente. Cette notion doit être
complétée par l'idée qu'il s'agit d'une structure
intrinsèquement créée par l'écoulement.
Une telle structure n'a donc aucun rapport avec les rapides engendrés
par l'apport de matériaux par un éboulement ou un torrent.
Respiration
Ce terme décrit l'alternance rapide de dépôts et de
reprises. Il y a donc, durant les crues, une très nette évolution
du niveau du lit et une variation importante du volume des dépôts.
Structure Morphologique
Le terme de structure morphologique est lié au comportement
hydraulique local : c'est par exemple le cas d'un seuil ou d'un dépôt
latéral. Il s'agit des éléments de base constituant
le lit.
Seuil
Il s'agit d'une structure morphologique qui regroupe des éléments
grossiers et correspond à une augmentation de la pente. La définition
la plus adaptée aux torrents semble être la suivante :
"alignement" transversal de blocs ralentissant l'écoulement
et formant une rupture de la ligne d'énergie".
Cette structure ne doit pas être confondue avec les rapides (qui
correspondent à une concentration de seuils) ou avec les seuils
que l'on trouve au point d'inflexion dans les rivières à
faible pente.
Submersion
relative
Il s'agit du rapport de la hauteur d'eau au diamètre des grains.
Dans une rivière, ce rapport est grand (supérieur à
5). Par contre, dans un torrent, la hauteur d'eau est faible alors que
les matériaux transportés peuvent être très
grossiers. Ce rapport est alors proche de l'unité (on observe en
effet des blocs transportés dont le diamètre est de l'ordre
de la hauteur d'eau en crue lorsque la pente excède quelques pour-cent).
Suspension hyperconcentrée
Il s'agit des cas où l'effet des matériaux en suspension
devient prépondérant dans le comportement du fluide. C'est
le cas par exemple des écoulements dans certains fleuves chinois
ou à Draix (ensemble de bassins versants expérimentaux situés
dans les Alpes de Haute-Provence et destiné à étudier
le transport solide dans les marnes noires). Dans le premier cas, la concentration
est telle qu'elle induit une irrégularité du débit.
Les critères de distinction entre lave et suspension hyperconcentrée
sont principalement la rhéologie du fluide et la concentration.
La concentration en matériaux est de loin le principal paramètre
explicatif, mais il est difficile de dégager un autre paramètre
pour définir la limite de validité du comportement Newtonien.
Notons que ces fortes charges en éléments semblent avoir
un effet sur le profil de vitesse et la capacité de transport (Rickenmann
1989).
Zone morphologique
On appelle zone morphologique une surface qui, à l'échelle
du bassin versant, joue un rôle homogène (par exemple une
zone de dépôt en amont d'un seuil rocheux ou une zone d'érosion
au bas d'un glissement de terrain). Il s'agit donc d'un élément
beaucoup plus étendue que la structure morphologique.