"Chaque année, les eaux arrachent quelques lambeaux de champs à de malheureux paysans, qui voient engloutir leur dernier pain, sans qu'ils puissent le sauver par un léger sacrifice. C'est que ce sacrifice, si mince qu'il paraisse aux opulents de nos villes, est pour eux une excessive dépense, qu'ils ne peuvent pas faire parce qu'ils n'ont rien, littéralement rien(...).

Tout se passe donc ici dans l'ombre, et comme en famille. Les rares plaintes qu'on y entend ne vont jamais plus loin que les cols qui le séparent du reste de la France. Et si l'on demande comment une population qui voit chaque jour son territoire tomber en lambeaux, peut se résigner de la sorte sans jeter de hauts cris, je répondrai par un seul mot : l'habitude. Le montagnard s'est accoutumé aux torrents, comme aux avalanches, aux tourmentes, aux précipices, et aux autres accidents attachés au sol de son pays. Il se débat contre le fléau du mieux qu'il peut, le tenant pour une loi fatale dont il n'a pas l'espoir de s'affranchir."

  Alexandre Surell

Etude sur les torrents des Hautes - Alpes

Dunod - 1870


 

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Distinction entre rivière, rivière torrentielle et torrent